Invité à Ankara pour une visite d'Etat de trois jours, le président israélien, Shimon Pérès, va aujourd'hui parler devant les députés turcs. C'est la première fois qu'un chef d'Etat hébreu s'adresse à un Parlement d'un pays musulman. Ce discours est précédé par celui du président palestinien, Mahmoud Abbas. Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan veut jouer un rôle croissant au Proche-Orient.
Quand ont commencé les relations entre Ankara et Tel-Aviv ?
Pays musulman mais république laïque inspirée du modèle jacobin, la Turquie a reconnu l'existence d'Israël dès 1949. Pendant des années les relations sont néanmoins restées formelles, bien que la Turquie soit devenue le pilier du flanc sud-est de l'Otan et le plus fidèle allié des Américains dans la région. La conférence de Madrid, en 1991, puis les accords d'Oslo, en 1993, allaient donner le coup d'envoi à des relations israélo-turques toujours plus étroites sur le plan économique et surtout militaire. «Un lien stratégique fondé sur la perception de menaces identiques», écrivait la chercheuse Asiye Ozturk. C'est d'ailleurs l'armée turque qui imposa en février 1996 au gouvernement un accord avec Tel-Aviv prévoyant des manoeuvres communes, des entraînements dans le territoire de l'autre, et une étroite coopération en matière d'industrie de défense, notamment la modernisation par Israël de 54 Phantom de l'aviation militaire turque. Les relations politiques sont aussi devenues à l'époque étroites. «Il y a deux voies possib