Nombre de Camerounais n'ont connu que lui : le 6 novembre, le président Paul Biya, 74 ans, a fêté son quart de siècle à la tête du pays. A son arrivée au pouvoir, en 1982, ce pays d'Afrique centrale comptait parmi les plus riches du continent. Aujourd'hui, il ne ressemble plus à rien. A tel point que beaucoup de ses 16 millions de citoyens n'aspirent qu'à le quitter. «Il existe peu d'Etats africains comme le Cameroun, où les habitants ont une aussi mauvaise image de leur pays et d'eux-mêmes», constate le politologue Fred Eboko.
Le pays a pourtant un gros potentiel économique. Pourvu d'un accès à la mer, doté d'importants gisements miniers et de terres agricoles fertiles, le Cameroun est la porte d'entrée du golfe de Guinée, une région pétrolifère riche devenue stratégique pour les Occidentaux et la Chine. D'ici à 2015, les Etats-Unis comptent ainsi importer 25 % de leur pétrole depuis cette région.
Détournement. S'il ne figure pas parmi les plus importants producteurs d'or noir de la zone, le Cameroun a l'avantage d'être le pays le plus stable d'Afrique centrale. Mais cette «stabilité» masque un encéphalogramme plat sur le plan économique comme politique. La chute mondiale du cours des matières premières dans les années 80 explique le début de cette dégringolade. Surtout, le laxisme de gestion depuis l'arrivée de Biya au pouvoir et le détournement de l'argent de l'Etat ont atteint des niveaux records. Le pays est l'un des plus corrompus au monde, selon l'ONG Transparenc