Pierre Salignon est directeur général de Médecins sans frontières. Il rentre d'une mission dans les Territoires palestiniens et en Israël durant laquelle il a notamment effectué une évaluation dans la bande de Gaza, sous le contrôle du Hamas.
Quel impact a l'embargo économique imposé à la bande de Gaza ?
On ne meurt pas de faim dans la bande de Gaza, mais la dégradation des conditions de vie est très nette. Dans les camps de réfugiés, le repas quotidien se résume de plus en plus à une galette de pain et du thé. Aujourd'hui, 80 % de la population dépend des distributions alimentaires de l'Unrwa [l'agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, ndlr] alors qu'il y a deux ans ce chiffre n'était «que» de 60 %. Cette dégradation n'a pas commencé avec la prise du pouvoir par le Hamas en juin et les sanctions israéliennes qui ont suivi, mais elle s'est accélérée. Le chômage, qui était déjà endémique, atteint des proportions inégalées avec l'arrêt de toutes les exportations. L'autre impact est psychologique : les gens se sentent sans perspective, ils ont le sentiment de subir une punition collective.
L'approvisionnement en médicaments est-il menacé ?
Tous les responsables israéliens que j'ai rencontrés m'ont dit qu'il fallait à tout prix éviter une crise humanitaire à Gaza. Donc les médicaments passent difficilement, mais ils passent. Il y a des ruptures de stocks momentanées. Nous avions fait pas mal de dons en anesthésiques et traitements pour les maladies chroniqu