Les embryons sont arrivés. Les embryons de clones de singes, s'entend. Ceux-là même dont la création par l'Américain Shoukhrat Mitalipov était révélée en juin dans l'hebdomadaire New Scientist et clamée lundi en manchette par le quotidien britannique The Independant (lire Libération du 12 novembre). Feu la rumeur, les voici livrés, en express, par la revue Nature. L'hebdomadaire a décidé, hier, de publier plus tôt que prévu, «du fait des spéculations en cours», l'article scientifique (validé par une équipe indépendante) dans lequel le chercheur du Centre national de recherche sur les primates (dans l'Oregon) et son équipe annoncent l'obtention des premiers embryons de clones de primates et des premières lignées de cellules souches dérivées desdits embryons.
Ovule énucléé. «Les primates rejoignent le club», commente dans Nature l'Ecossais Ian Wilmut, auteur en 1997 de la brebis Dolly. Depuis lors, des vaches, souris, chevaux, lapins, chiens, chats, cochons sont nés par sa technique de transfert de noyau d'une cellule d'adulte dans un ovule énucléé. Mais les oeufs de singe ainsi construits refusaient de se développer. Mitalipov a levé cette résistance en modifiant la recette de Wilmut. Résultat : une amélioration sensible de l'efficacité de la technique. Le taux d'obtention d'embryons par ovocyte manipulé passe de 1 % à 16 %. Il a fallu 213 ovules de 14 guenons pour obtenir 35 embryons de clones et deux lignées de cellules embry