En quelle langue crier son attachement à une Belgique dont l'existence est menacée par le conflit entre la majorité néerlandophone et la minorité francophone (40 % de la population) ? En anglais, bien sûr. Quelque 35 000 personnes ont donc défilé hier à Bruxelles en arborant un autocollant aux couleurs belges (noir, jaune et rouge), illustré d'un petit bonhomme caricaturant l'Oncle Sam et proclamant, l'index pointé : «I want you for Belgium».«C'est une langue neutre, comme cela personne n'est vexé», justifie Tina, 28 ans, une charmante Flamande de Bruxelles.
Artificielle. Dans le cortège, Annelies, une Flamande de 26 ans, et son compagnon, Philippe, un francophone de 31 ans, racontent que lors de leurs premières rencontres, ils se sont parlés en anglais durant six mois, le temps d'apprendre la langue de l'autre. Un raccourci saisissant de ce pays dont les deux communautés linguistiques s'ignorent chaque jour davantage et qui est toujours privé de gouvernement, 161 jours après les élections législatives du 10 juin.
En tête du cortège, la banderole qui proclame «Voor de eenheid, pour l'unité, für Einheit», dans les trois langues officielles de la Belgique, paraît donc bien artificielle. Marie-Claire Houard, une «simple citoyenne», comme elle se qualifie, à l'origine de cette marche (Libération de samedi), estime néanmoins que son «pari est gagné. La foule est là, y'a des Flamands, y'a des Wallons et y'a une très belle ambiance sous l