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Libération

La peur des Kurdes d'Istanbul

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publié le 19 novembre 2007 à 1h33

De notre correspondant à istanbul, «Ma cousine médecin se promenait l’autre jour sur l’?stiklal, [à Péra, les Champs-Elysées d’Istanbul, ndlr]où défilaient des manifestants nationalistes, son portable a sonné, c’était sa mère qui l’appelait de Diyarbakir [Sud-est]qui ne parle que le kurde. Ma cousine a dû répondre en kurde. D es manifestants l’ont repérée et ont voulu l’attaquer en criant “Terroriste! Terroriste!” Elle a pu s’échapper en courant», témoigne Abdullah Keskin, directeur de la maison de publication Avesta, spécialiste de la littérature et des œuvres politico-sociales kurdes. Menaces.Comme dans tout l’ouest du pays, la peur, l’inquiétude et l’insécurité règnent dans la communauté kurde d’Istanbul depuis l’intensification du conflit entre l’armée turque et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène la lutte armée contre le gouvernement. L’éventualité – moins probable mais toujours présente – d’une incursion militaire turque dans le nord de l’Irak ces derniers mois a encore échauffé les esprits, tant parmi les Turcs toujours plus exaspérés du «terrorisme séparatiste», queparmi les Kurdes (15 millions sur 70 millions d’habitants pour la plupart concentrés dans le sud-est anatolien). «Il ne s’agirait pas d’une simple opération transfrontalière de sécurité contre le PKK, car l’armée turque vise clairement l’entité kurde dans le nord de l’Irak, cette première ébauche d’Etat kurde», estime Umit Firat, intellectuel indépendant kurde d’Istanbul où vivent 3