Les efforts déployés par Bernard Kouchner, les émissaires envoyés par Paris à Damas ou les appels de Condoleezza Rice à la Syrie n'auront rien changé : ce soir, à minuit, les Libanais n'auront sans doute plus de chef de l'Etat pour une période indéterminée. Au dernier jour du mandat du président pro-syrien, Emile Lahoud, les députés de la majorité devaient se réunir au Parlement pour élire son successeur. Mais le feront-ils, sachant qu'ils risquent d'en trouver les portes closes ? On prête en effet à Nabih Berri, le président (prosyrien) de la Chambre, l'intention de ne pas vouloir tenir de session. Ce qui lui permettrait d'empêcher l'élection à la majorité absolue d'un président qui ne convienne pas à l'opposition.
«Faux pas». Depuis des mois, celle-ci refuse l'accession au pouvoir d'un président issu des Forces du 14 mars - la majorité antisyrienne élue au lendemain du départ des troupes de Damas en 2005. A la place, elle réclame l'élection d'une personnalité consensuelle. Mission jusqu'à ce jour impossible, les candidats éventuels - tous maronites comme le veut la tradition - étant rejetés soit par la majorité, soit par l'opposition. Même la médiation du populaire patriarche maronite Nasrallah Sfeir, très réticent à s'engager mais poussé par Paris à proposer une liste de candidats, a échoué.
Paris aura donc jeté en vain tout son poids dans la balance, en particulier ces derniers jours où Kouchner a multiplié les navettes entre les différents acteurs de la scène libanaise (l