«Attention ! Les femmes et les enfants ne doivent pas regarder la télévision, Musharraf va enlever son uniforme !» La blague circulait depuis quelque temps au Pakistan, c'est désormais chose faite : le général-président a quitté, hier, son poste de chef de l'armée, honorant ainsi une vieille promesse. Après avoir pris le pouvoir en 1999 par un coup d'Etat, en renversant le Premier ministre Nawaz Sharif , Pervez Musharraf avait juré de remettre le Pakistan sur la voie démocratique au plus vite, et d'abandonner son uniforme. Mais le trouvant bien confortable, il avait opté pour quelques «arrangements» avec la Constitution, qui interdit noir sur blanc au président d'être également détenteur d'un poste de fonctionnaire, ce qui est le cas d'un chef de l'armée.
Etat d'urgence. Devenu de plus en plus impopulaire cette année, et mis sous pression par la communauté internationale, le général a fini par céder, seulement après s'être assuré d'un nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays. Alors que la Cour suprême menaçait d'invalider sa réélection, Musharraf a imposé l'état d'urgence le 3 novembre, ce qui lui a permis de mettre en place des juges accommodants, et de réprimer tous les mouvements d'opposition. La cour remaniée a, sans surprise, donné un verdict en faveur de Musharraf. Après ce «deuxième coup d'Etat», il ne lui restait donc plus qu'à tenir sa parole.
Les militaires devraient être soulagés de sa décision, car Musharraf jetait le discrédit sur l'institution.