Fini l'état de grâce. Cent soixante jours après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, goûte désormais au fruit amer de l'impopularité. Vendredi, le quotidien The Daily Telegraph publiait un nouveau sondage portant à 11 points le retard des travaillistes sur leurs rivaux conservateurs, qui enregistraient ainsi leur meilleur score depuis l'ère Thatcher. Pourtant jusqu'à l'automne, Gordon Brown semblait jouir d'une aura indéfectible. Dans la foulée de sa prise de fonction, le pays renoue avec la menace terroriste, connaît de graves inondations et un retour de la fièvre aphteuse. Chaque fois, la réponse de Brown est aussi rapide qu'efficace. L'opinion publique salue l'homme et ses méthodes.
Puis, le vent tourne en septembre. L'ex-chancelier, jusque-là partisan de la prudence économique, autorise la banque d'Angleterre à verser à Northern Rock 33,5 milliards d'euros, directement prélevés sur les deniers publics. Un nouvelle affaire éclate mi-novembre : le Trésor public aurait égaré deux disques confidentiels et, du même coup, livré à d'éventuels malfaiteurs les données personnelles et bancaires de 25 millions de Britanniques. L'opposition hurle alors à la négligence, pis à l'incompétence. Mais Gordon Brown conserve encore son image d'homme honnête et droit, loin des mensonges de son prédécesseur, empêtré en fin de mandat dans le scandale du «cash for honours» - une manoeuvre qui avait consisté, pour le Labour, à échanger des titres h