Le pouvoir reste en famille ! Pour la première fois en Argentine, le président sortant passe la main à son épouse élue démocratiquement. Cristina Fernández de Kirchner (CFK) qui a remporté la présidentielle du 28 octobre succède aujourd'hui à son mari Néstor Kirchner, à la tête de l'Etat depuis mai 2003. Avocate et sénatrice péroniste de 54 ans, la «reine Cristina», comme l'appellent ses détracteurs, prend les commandes de l'Argentine pour quatre ans avec «le changement dans la continuité» comme slogan. L'opposition craint déjà le retour de son mari en 2011 et l'installation d'une dynastie «tournante» des Kirchner.
Un tandem de la politique
A propos des époux Kirchner, Rafael Bielsa, ministre des Affaires étrangères jusqu'en novembre 2005, a cette définition : «C'est un magnifique animal politique bicéphale.» CFK n'est pas la première femme à gouverner le pays mais c'est la seule qui a la stature d'une femme d'Etat. «C'est une dirigeante politique dont le discours est beaucoup plus élaboré que celui de son mari», assure Edgardo Mocca, professeur d'analyse politique à l'université de Buenos Aires. «Bien sûr, on peut s'interroger sur la manière dont elle a été désignée candidate, par son mari, sans aucun débat, mais c'est simplement dû à la détérioration des institutions politiques de l'Argentine», estime le chercheur. Avant même d'accéder à la présidence, cette redoutable oratrice, plusieurs fois députée puis sénatrice, était déjà beaucoup plus connu