Plus de dix ans après une transition politique exemplaire, l'Afrique du Sud n'en a pas fini avec les conséquences de l'apartheid, aboli en 1991. La croissance est de 5 % sur les cinq dernières années, mais la pauvreté progresse. Un Sud-Africain sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté et un sur trois survit avec moins de deux euros par jour. Dans les townships, ces bidonvilles des banlieues sud-africaines, le taux de chômage peut atteindre 70 à 80 % au sein d'une population dix fois plus nombreuse que sous l'apartheid.
Accablée par deux fléaux - le chômage et le sida - «la nation Arc-en-ciel» est l'un des pays où le taux de criminalité est le plus élevé au monde. Les Blancs se barricadent et finissent par partir.
Taddy Blecher fait partie de ces Blancs qui voulaient quitter le pays. En 1991, il donne sa démission de cadre dans les assurances et fait ses bagages. «Comme d'autres Blancs, j'avais décidé d'émigrer à cause des problèmes de criminalité, raconte-t-il. Mais, quinze jours avant mon départ, j'ai eu mon épiphanie, ma "révélation", j'ai pris conscience qu'on pouvait lutter contre l'insécurité par l'éducation.» Taddy Blecher repose ses valises.
Les chiffres le démontrent, l'éducation reste la clé de l'intégration. Là où le taux de chômage des noirs est de 38 %, il tombe à 6 % pour ceux d'entre eux qui ont la chance d'avoir un diplôme. Mais les 1 000 dollars d'inscription annuelle à l'université sont inaccessibles pour la majorité de la population, dont le salaire