Envoyée spéciale à Karachi. «Cela fait quatre jours que je ne suis pas rentré chez moi, raconte Shahid Hussein, un journaliste du quotidien The News, dans son bureau de Karachi. J'ai dû dormir à l'hôtel du coin, tout comme mes collègues. Il n'y avait aucun transport.» Tout cela pour publier un quotidien qui a été distribué à grand peine, faute de camions. Depuis l'assassinat de Benazir Bhutto jeudi, la ville de Karachi, capitale économique du Pakistan, est paralysée. De violentes émeutes y ont éclaté dès l'annonce de sa mort. «A la minute où la nouvelle est tombée, tout le marché a fermé. Nous savions que les réactions allaient être très violentes», explique un boulanger du bazar du quartier de Boat Bassin.
Essence. D'ordinaire animé, ce quartier est plongé dans l'obscurité en dehors de la boutique d'Ali, qui a décidé de rouvrir. «Les gens étaient affamés, ils nous ont pris d'assaut et ils ont acheté tout ce qu'ils pouvaient ! On ne désemplit pas», se réjouit le commerçant, qui jusqu'à présent, «grâce à Dieu», n'a pas eu de problèmes de sécurité. Pourtant la veille, une voiture tournait dans la rue et ses occupants ont tiré sur un passant. L'avant-veille, la banque voisine a brûlé. Les rues engorgées de la mégalopole, qui compte 12 à 15 millions d'habitants, étaient quasiment désertes. En revanche, il y avait des embouteillages impressionnants devant les quelques stations d'essence qui avaient rouvert hier.
Dans le quartier de City Ce