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Libération
Reportage

Le Kenya meurtri par ses ethnies

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publié le 3 janvier 2008 à 1h49

«Une intervention urgente est nécessaire pour empêcher le Kenya de plonger dans le chaos, à l'instar de la Côte-d'Ivoire ou du Rwanda», écrit un éditorialiste du Daily Nation, un des quotidiens les plus lus au Kenya. Depuis la publication, dimanche, des résultats de l'élection présidentielle donnant Mwai Kibaki gagnant, des violences ont éclaté dans tout le pays pour dénoncer les fraudes électorales, faisant ressurgir le spectre d'affrontements ethniques à grande échelle. Des partisans de Raila Odinga, de l'ethnie Luo, ont brûlé des maisons et des échoppes appartenant à des Kikuyu, l'ethnie du président Mwai Kibaki.

Comble de l'horreur, mardi, une église, dans laquelle s'étaient réfugiées plus d'une centaine de personnes, dans les environs d'Eldoret à 200 km de Nairobi, a été incendiée par des jeunes. 35 personnes ont été brûlées vives. «Ils nous tuent parce que nous avons voté pour Kibaki et que nous sommes Kikuyu», explique un commerçant qui a perdu tous ses biens. A Mathare, un des bidonvilles de Nairobi, la secte Mungiki, composée de Kikuyu, financée activement par des hommes politiques et qui s'est rendue tristement célèbre pour avoir décapité des dizaines de personnes cette année, est très active. Des jeunes, armés de machettes, lancent des représailles violentes contre les Luo. «Ils massacrent tous les hommes, frappent les femmes, raconte Angeline, 26 ans, qui a décidé de fuir le quartier. Si vous ne pouvez pas chanter leur slogan, ils savent qu