Homme de gauche et diplomate vénézuélien de carrière, Milos Alcalay, ancien ambassadeur à l'ONU, a démissionné en 2004 pour exprimer son désaccord avec le président Hugo Chávez. Il revient sur l'opération de sauvetage avortée des trois otages des Farc.
Comment et pourquoi Hugo Chávez, en août, s'est-il saisi de la question des otages colombiens ?
Chávez s'intéresse en fait de près aux Farc depuis son arrivée au pouvoir [en 1999, ndlr]. A l'époque, déjà, il avait proposé son aide au président colombien d'alors, Andrés Pastrana. Pastrana lui avait répondu de ne pas s'en mêler, que c'était un problème intérieur colombien. De leur côté, les Farc, qui admirent Chávez, ont plusieurs fois indiqué qu'elles souhaitaient son intervention. Depuis, il y a d'ailleurs eu plusieurs frictions sur ce sujet entre les deux pays. Notamment quand les parlementaires vénézuéliens ont invité des représentants des Farc à un débat à Caracas. Ou en 2004, quand Rodrigo Granda [le porte-parole international des Farc] a été arrêté [par les services secrets colombiens] à Caracas où il vivait avec des papiers vénézuéliens totalement en règle. Bref, Hugo Chávez n'a pas découvert l'existence des Farc au mois d'août.
Alors que s'est-il passé pour que le président Uribe lui attribue un rôle de médiateur dans l'affaire des otages, donc accepte ce que la Colombie avait toujours refusé ?
Je pense qu'Uribe a cédé à la pression de la France, qui, avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, a fait