Le Liban est condamné à l'impasse. En suspendant sa coopération diplomatique avec la Syrie, ce qui a provoqué mercredi une mesure réciproque de Damas, Paris a enfin pris acte qu'il n'avait rien à attendre du régime syrien. Ce qui a exaspéré les responsables français, c'est le double jeu syrien. D'un côté, les dirigeants baasistes prétendaient n'avoir aucune influence sur l'opposition libanaise, de l'autre, ils encourageaient celle-ci à demander davantage de ministères clés et de pouvoir.
Ce retour de Paris à la fermeté est néanmoins bien tardif. Il intervient après deux entretiens téléphoniques entre Nicolas Sarkozy et le président syrien, Bachar al-Assad ; une rencontre début novembre entre Bernard Kouchner et son homologue syrien, Walid Mouallem, à Istanbul et les visites en catimini à Damas, les 4 et 20 novembre, de deux très proches collaborateurs - Jean-David Levitte et Claude Guéant - du président français. «Nous avons estimé, et c'est là un point de rupture par rapport à une époque passée, que nous ne risquions rien en allant dialoguer avec la Syrie [.]. En l'ignorant [.], nous risquions de conduire la Syrie, par ostracisme, à bloquer le processus» de désignation d'un président libanais, expliquait alors Levitte.
D'où le sentiment aujourd'hui que Paris a été victime d'un marché de dupes, même s'il pourra toujours plaider avoir fait tout son possible pour trouver une solution à la crise libanaise. Celle-ci, qui s'affirme sans précédent depuis la guerre civile (197