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Libération
Reportage

Kandahar miné par l'héroïne bon marché

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publié le 7 janvier 2008 à 1h51

Selon les chiffres officiels, il y a 500 fumeurs d'héroïne à Kandahar. «Mais regardez ma liste d'attente pour la cure de désintoxication : j'ai déjà plus de 1 100 inscrits», montre Sayed Jalal, directeur d'un centre de désintoxication, financé par l'ONG Wadan. Il n'a que vingt lits, et c'est l'un des deux seuls centres de la ville. L'autre est une clinique privée qui coûte 200 dollars par mois. Sur les terres afghanes, le pavot fleurit comme jamais : la production d'opium a encore doublé cette année, atteignant 8 400 tonnes, un record depuis la chute des talibans. La moitié est produite près d'ici, dans la province de Helmand. Profitant de l'instabilité politique, les barons de la drogue disposant de relais haut placés, ont installé leurs laboratoires d'héroïne sur les zones frontalières. Les contrebandiers ouvrent ensuite les portes du monde à la poudre grise.

Crise de manque. Mais son sillage de mort commence ici en Afghanistan, avec une dramatique chute des prix cette année qui rend le produit encore plus accessible. «Le kilo d'opium coûtait 500 dollars en 2006. Avec la récolte record de 2007, le prix a chuté à 100 dollars. Le gramme d'héroïne s'achète maintenant pour une poignée de dollars», constate un médecin du centre. Dans la cour de Wadan, des hommes déambulent, vêtus de tuniques bleues, la tête rasée, «signe qu'ils entrent dans une nouvelle vie», explique Sayed Jalal. Ils ont des journées actives : nettoyage des locaux, sport, mais surtout relig