Elle s'agite, babille en anglais, secoue les perles de couleurs attachées au bout de ses tresses. Assise sur les escaliers d'un centre communautaire du nord de Londres, Adedoyin, trois ans, attrape au vol le bras de sa grand-mère, l'appelle «mamie» ou «maman», tour à tour. Sa vraie mère, elle ne la voit que toutes les trois semaines entre les quatre murs du centre de détention pour immigrés de Yarl's wood près de Bedford. Adedoyin risque une expulsion en solitaire vers les Etats-Unis. Ola (1), sa mère, est menacée de retour forcé vers son pays d'origine, le Nigeria.
L'histoire absurde d'Adedoyin commence avant sa naissance. Lorsque sa mère, en visite aux Etats-Unis, est retenue pour une complication de grossesse et accouche en territoire américain. La petite Adedoyin écope de la nationalité locale. Six semaines plus tard, mère et fille reviennent avec un visa de tourisme en Grande-Bretagne, où Ola réside illégalement depuis 1998. La vie d'Adedoyin et de sa mère s'organisent sur fond de débrouille. Ola enchaîne les petits boulots dans des services clientèle, au noir. Mais en 2005, l'argent manque. La jeune femme pousse la porte d'une agence pour l'emploi avec, en poche, un faux passeport, dans l'espoir de décrocher le droit de travailler légalement. Elle se fait prendre. Et est condamnée en février 2007, à dix mois de prison ferme. Elle en purgera cinq.
Débarquée de l'avion. Sa propre mère débarque alors du Nigeria pour s'occuper de la petite Adedoyin pendant l'in