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Libération
Reportage

A Norviliskes, une paroisse divisée par la frontière européenne

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publié le 15 janvier 2008 à 1h57

Une petite église en bois d'un vert délavé au sommet d'une colline. Le prêtre vient d'arriver en trombe dans sa vieille Lada. Ce dimanche, une vingtaine de personnes assistent à la messe dans l'église de Norviliskes, à l'extrême sud de la Lituanie. Les femmes, des fichus colorés sur la tête, entonnent des cantiques en polonais.

En contrebas, au-delà des tombes de pierre grise, c'est la limite extérieure de l'Union européenne. «La frontière entre la Lituanie et la Biélorussie était constituée par les limites entre les différents kolkhozes [fermes collectives, ndlr]», explique Zenonas Kumetaitis. Ce diplomate a fait partie du groupe d'experts chargé de tracer la frontière entre les deux pays. «Jusqu'à la perestroïka, ces limites bougeaient chaque année, suivant les besoins des directeurs de kolkhozes, qui ne manquaient pas de se réunir autour d'une petite vodka pour que leurs vaches prennent un chemin plus aisé pour aller paître», poursuit-il.

Grillage. Lorsque la Lituanie rétablit son indépendance, en 1990, les compromis sont parfois difficiles à trouver avec le voisin. Certains villages ont été coupés en deux. La paroisse de Norviliskes a par exemple été amputée de 10 hectares et de nombre de ses fidèles. Du côté lituanien, 20 villages dépendent de cette paroisse, et du côté biélorusse, plus d'une trentaine, soit environ 400 personnes. «Mes fidèles pleurent de ne pas pouvoir venir»,déplore Domas Valanciauskas. Prêtre de la paroisse depuis quinze ans, il se