Comme en 2001, l'historien américain d'origine polonaise Jan Gross secoue de nouveau la Pologne. Dans un nouvel ouvrage, Gross assure que les survivants de l'Holocauste ont été poussés hors du pays par les communistes et par l'Eglise catholique à la Libération, après 1945.
Il y a six ans, son livre les Voisins avait déjà révélé comment, dans la Pologne occupée par les nazis, des Polonais du village de Jedwabne avaient massacré plusieurs centaines de leurs voisins juifs en 1941. Aujourd'hui, son livre intitulé Strach («la peur», en polonais) bouleverse de nouveau. Gross y accuse les Polonais d'avoir soumis les rescapés du génocide à une «épuration ethnique» après 1945, avec l'approbation tacite de la majorité de la société. Il implique les autorités communistes, ce qui n'est pas une nouveauté. En revanche, il met surtout en cause, ce qui est sans précédent, l'attitude de l'Eglise catholique.
Heurter. Le pogrom de Kielce, le 4 juillet 1946, est, dit-il, l'exemple le plus choquant. Dans cette ville du Sud, suite à une rumeur d'enlèvement d'enfant par des Juifs, une foule enragée et des policiers du nouveau régime communiste avaient attaqué des habitants juifs, tuant une quarantaine d'hommes, de femmes et d'enfants. Gross accuse l'Eglise de n'avoir pas dénoncé les rumeurs populaires qui disaient qu'un peu de sang d'un enfant chrétien était indispensable pour préparer le pain juif.
Après l'Holocauste, ce fantasme a pris un tour encore plus monstrueux : revenant