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Libération

Les mères de Beslan accusées d'«extrémisme» par la justice

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publié le 19 janvier 2008 à 2h00

De notre correspondante à Moscou. Leurs enfants ont été séquestrés, menacés, déchiquetés par les bombes ou fusillés. et ce sont elles, les mères, qui sont maintenant accusées «d'extrémisme». Les femmes de Beslan qui se battent pour faire la lumière sur la prise d'otages de septembre 2004, qui a fait 333 morts dont 186 enfants, sont aujourd'hui poursuivies en justice, par un retournement dont les autorités russes sont coutumières.

«Garant». «Pas un seul des actes de terrorisme commis dans la Russie de Poutine n'a été élucidé», protestaient ces mères regroupées au sein de l'ONG Voix de Beslan, dans une lettre ouverte postée depuis novembre 2005 sur leur site Internet. Durant la prise d'otages, le gouvernement refusa toute négociation qui aurait pu sauver «au moins les enfants», accusaient-elles. Puis les autorités empêchèrent toute enquête objective qui permettrait de dissiper ou étayer leur terrible soupçon : ne sont-ce pas les forces de l'ordre qui, en lançant l'assaut sur l'école le 3 septembre, firent la plupart des morts et des blessés ? Poutine «est devenu un garant des criminels», en déduisait la Voix de Beslan dans sa lettre.

Deux ans plus tard, un procureur de la République voisine d'Ingouchie, qui devrait pourtant avoir fort à faire avec tous les attentats et enlèvements non élucidés dans sa propre région, est allé déterrer ce texte pour accuser «d'extrémisme» les mères de Beslan. Une charge qui peut mener jusqu'à l'interdiction de l