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Libération
Reportage

Bazar à ciel ouvert aux portes de Gaza

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par Paul AKIM
publié le 25 janvier 2008 à 2h04

Envoyé spécial à Rafah. La razzia continue. Le couloir Philadelphie, ancien chemin de patrouille de l'armée israélienne jadis infranchissable, est envahi d'une cohue de véhicules, de carrioles tirées par des ânes et d'une foule déterminée à franchir la brèche ouverte dans le mur entre la bande de Gaza et l'Egypte. Saëd, 20 ans, brandit un carton de bouteilles de Coca-Cola qu'il ramène chez lui. «Je n'avais pas bu de Coca depuis six mois. On n'en trouve plus du tout à Gaza», lance le jeune homme dans un large sourire, son butin sur l'épaule. A quelques mètres, des centaines de personnes se bousculent, se hissent et se poussent, pour sauter à leur tour un muret de la hauteur d'un homme, dernier obstacle avant de fouler le sol égyptien.

Hilare. De l'autre côté, la partie égyptienne de la ville de Rafah s'est transformée en un vaste bazar à ciel ouvert. On progresse à grand-peine dans les rues noires de monde où tout s'achète et tout se vend. Debout sur une remorque, un commerçant égyptien montre, hilare, une liasse de billets. «Je suis arrivé ce matin du Caire avec cinq cents paquets de lessive. Regardez ! Encore quelques dizaines et tout sera vendu !» s'écrie t-il. Toute la nuit, les camions ont fait le va-et-vient avec Le Caire et Ismaïlia pour assouvir la soif de consommer des habitants de la bande de Gaza, soumis au blocus israélien depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire, en juin.

Cigarettes, biscuits, fromages, pneus de voitures, sac de ciments.