Après avoir oscillé entre la vie et la mort pendant trois semaines, l'ancien président indonésien Suharto est décédé hier à l'âge de 86 ans. Les Indonésiens auraient pu se souvenir de lui comme de l'homme d'Etat qui a transformé un pays en proie à la famine et au désordre politique en une nation unie, prospère et stable. Mais l'image qui restera est celle de sa fin humiliante, celle d'un homme défait, vieillissant et capricieux, forcé par les manifestations d'étudiants et les manoeuvres d'ambitieux courtisans à lâcher son pouvoir à l'été 1998. Suharto avait su conquérir le pouvoir, le conserver pendant plus de trois décennies, mais, comme tant d'autres autocrates, il n'a pas su quitter la scène gracieusement.
L'ex-général président n'a jamais eu la flamboyance de son prédécesseur Sukarno, le leader nationaliste qui enflammait les foules par ses diatribes anti-impérialistes. Il était un piètre orateur, mal à l'aise en public et sans charisme. Mais habile et dénué de scrupules, il s'était progressivement bâti un pouvoir quasi monarchique, écrasant impitoyablement ses rivaux potentiels ou les achetant par l'octroi de positions prestigieuses.
Purge. D'origine rurale et modeste, Suharto s'est progressivement hissé au sommet de la hiérarchie militaire. Le tournant de sa carrière intervient le 30 septembre 1965 lors du coup d'Etat fomenté par l'armée de l'air. Suharto est l'un des rares généraux de haut rang à ne pas être enlevé et assassiné. Il prend rapidement le contrôle de la sit