Ahmed Youssef est le conseiller politique du ministre des Affaires étrangères du Hamas à Gaza. Ce petit homme, rond et avenant, parfaitement anglophone, est souvent présenté comme le «visage souriant» du mouvement islamiste. Entre deux barres chocolatées made in Egypt, il explique la stratégie du Hamas, alors que l'Egypte a convoqué séparément au Caire le président palestinien, Mahmoud Abbas, et ses rivaux du Hamas pour trouver une solution au passage frontalier de Rafah, ouvert de force la semaine dernière.
L'ouverture de la frontière à Rafah est une victoire pour le Hamas. Cette opération a-t-elle été préparée de longue date ? Avez-vous reçu un feu vert de l'Egypte ?
Peu importe les détails. Cela faisait sept mois que la bande de Gaza était soumise à un blocus total. Les gens mouraient de faim, de maladie, ils devenaient fous. Nous devions faire quelque chose pour frapper la conscience du monde, qui est resté indifférent aux souffrances du peuple palestinien. Les Egyptiens ne nous ont pas donné de feu vert mais nous savions qu'ils étaient mécontents du blocus. Ils se sont retrouvés accusés de collaborer à la punition collective de la population de Gaza. Ils devaient défendre leur réputation.
Que veut le Hamas désormais ?
Nous espérons pouvoir ouvrir un passage régulier entre la bande de Gaza et l'Egypte, sans interférence israélienne. L'accord antérieur avait été négocié en 2005 par Mohammed Dahlane [dirigeant du Fatah proche de Mahmoud Abbas, chassé de Gaza p