La fête est finie, mais le blocus est resté, comme un mal de tête qui se réveille. Pendant quelques jours, l'ouverture de force de la frontière avec l'Egypte a fait oublier aux habitants de Gaza qu'ils vivent dans une nasse quasi-hermétique. «Les gens n'ont pas souri comme ça depuis le retrait israélien en 2005», raconte Taghrid, une journaliste. Mais les trombes d'eau de pluie glacée tombées les trois derniers jours ont douché l'ivresse d'une liberté limitée à l'extrême nord-est du Sinaï. Peu à peu, la police égyptienne referme la frontière et renvoie chez eux les Palestiniens. De toute façon, il n'y a plus rien à acheter de l'autre côté : Le Caire empêche les approvisionnements.
Fioul. Surtout, l'échappée belle à Rafah n'a rien réglé au dramatique manque de carburant et d'électricité. Depuis son bureau, Rafiq Maliha surveille les rares camions-citernes venus alimenter l'unique centrale électrique de Gaza, dont il est le directeur. «Israël a repris ses livraisons de fioul mais en quantité insuffisante. Deux turbines fonctionnent au ralenti, les deux autres sont arrêtées. Je n'ai aucun stock. Tout peut s'arrêter d'un jour à l'autre.» Pour lui, l'ouverture de Rafah n'a rien changé. Le fioul n'est d'ailleurs pas son seul souci : les pièces détachées arrivent au compte-gouttes et il n'a jamais pu remplacer à l'identique les huit transformateurs bombardés par l'aviation israélienne en juin 2006, après l'enlèvement du caporal israélien Gilad Shalit (lire ci-co