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«Il faudrait que la France tire les leçons politiques des derniers événements au Tchad»

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Chargé de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (CERI, CNRS-Science Po), Roland Marchal revient sur les enjeux de la crise au Tchad.
par Recueilli par François Meurisse
publié le 4 février 2008 à 7h00

D’où vient cette rébellion qui s’est retirée de N’Djamena dimanche mais qui annonce une nouvelle attaque sur la capitale ?

Il faut revenir à la base du régime d’Idriss Deby. Celui-ci a accepté le multipartisme mais c’est à peu près tout. Cela reste un régime autoritaire et la démocratie y est vraiment minime. Le principe de gouvernement, c’est de donner des prébendes à certains puis de les enlever. Alors parfois les mécontents «partent en rébellion», comme on dit au Tchad, un peu comme on part en week-end ! Et cette dernière rébellion s’inscrit dans cette matrice.

En 2001, Deby est réélu - en fraudant comme un fou - mais ses proches se disent, c’est son dernier mandat, il est malade, ce sera nous la prochaine fois. Mais on découvre du pétrole, il y a donc plus d’argent à se mettre dans les poches et finalement Deby ne se sent pas si mal : il décide de changer la Constitution pour pouvoir se représenter !

C’est ce qui a accentué les clivages au sein du pouvoir. Et puis Idriss Deby n’est pas facile à vivre, il lance les cendriers sur ses ministres, il épouse la maîtresse de son fils, ce n’est pas exactement un gentleman-farmer !

A la tête de la rébellion, il y a des gens qui étaient dans le premier cercle d’Idriss Deby. Mahamat Nouri par exemple est son ancien ministre de la Défense. Il y a des directeurs de cabinet, etc. C’est l’élite politique tchadienne de Deby. Ce ne sont pas des Soudanais qui les ont dénichés dans un bar glauque de Khartoum ou de Paris,