Nouveau coup dur pour le régime du président rwandais Paul Kagame. Un peu plus d'un an après le coup de tonnerre provoqué par l'enquête du juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, l'accusant d'avoir commandité l'attentat du 6 avril 1994, qui avait préludé au génocide de 800 000 Tutsis et opposants hutus, la justice espagnole met en cause le chef de l'Etat rwandais et son entourage.
Epargné. L'Audience nationale, la principale instance judiciaire espagnole, a annoncé des poursuites contre 40 militaires rwandais, dont 11 généraux, pour«génocide, crimes contre l'humanité et terrorisme» commis dans les années 90. Le président Kagame, dont la responsabilité est désignée sans ambiguïté, est épargné, pour l'instant, en raison de son statut de chef d'Etat en exercice. Sept des quarante inculpés vivent à l'étranger : certains sont les mêmes que ceux visés par le juge Bruguière. Mais le cas le plus gênant pour Kigali, l'Union africaine et l'ONU est celui de Karenzi Karake, numéro 2 de la Minuad, la force de paix au Darfour.
Saisi en 2005 de l'assassinat, entre 1994 et 2002, de neuf Espagnols, six religieux et trois humanitaires, le juge Fernando Andreu, qui a instruit en vertu du principe de «compétence universelle», se livre à un réquisitoire de la méthode de prise de pouvoir puis de son exercice par le Front patriotique rwandais (FPR) de Kagame. Le juge accuse le mouvement rebelle tutsi d'avoir commis, entre 1990 et 1994, des attentats contre les politiques et