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Portrait

Mort «suspecte» de l'oligarque Patarkatsichvili à Londres

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publié le 14 février 2008 à 2h19

Avec une biographie comme la sienne, une mort naturelle semblerait presque incongrue. Le milliardaire géorgien Badri Patarkatsichvili, dont le corps a été retrouvé dans sa propriété, mardi soir à Londres (lire ci-contre), avait trempé ses moustaches blanches dans tant de complots politico-financiers russes et géorgiens que les autorités des deux pays, aujourd'hui ennemies intimes, le poursuivaient.

Obscure. Né en 1955 à Tbilissi dans une famille juive pratiquante, le jeune Badri, alors prénommé Arkadi, avait pourtant commencé dans la droite ligne communiste comme militant du Komsomol (les jeunesses du Parti), diplômé de l'institut polytechnique de Géorgie, puis ingénieur dans un gros combinat de filature de laine. Mais vinrent la pérestroïka et les privatisations sauvages : Badri croise le chemin de Boris Berezovski, qui organise à l'époque le détournement à grande échelle des voitures d'AvtoVAZ (Lada), le plus grand combinat automobile soviétique. Il s'associe à Berezovski, et le suit à Moscou à la direction de la chaîne de télévision ORT.

Dans un interrogatoire mené en décembre par la police géorgienne et rendu public tout récemment, Patarkatsichvili se serait vanté d'avoir «mené Poutine au pouvoir». Lorsqu'il travaillait à la mairie de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine «assurait la protection de mes business», aurait-il raconté, décrivant le futur président russe toujours habillé «du même costume sale, verdâtre». Poutine «l'implorait»