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«Ils nous ont chassés de nos maisons et maintenant ils proclament leur Etat»

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Après la déclaration d'indépendance d'hier, la population serbe de Mitrovica n'entend pas quitter la ville mixte du Kosovo.
par Marc semo (envoyé spécial à Mitrovica)
publié le 18 février 2008 à 7h00

Les haut-parleurs hurlent des chants patriotiques serbes dont les refrains clament «rien n'enlèvera le Kosovo de nos coeurs». La foule brandit des drapeaux serbes ornés de l'aigle blanc bicéphale devant la tribune installée face à la statue d'un consul russe assassiné par «des terroristes albanais»... en 1891. Elle a été inaugurée il y a deux mois pour célébrer l'alliance serbo-russe. A Mitrovica, ville toujours divisée entre les Albanais au sud de la rivière Ibar et les Serbes au nord, ces derniers se mobilisent contre l'indépendance du Kosovo proclamée hier dimanche.

"La lâcheté des Européens"

Ils sont plusieurs milliers, arrivés de cette zone nord adossée à la Serbie où vivent 50.000 des quelque 120.000 derniers Serbes d'un Kosovo désormais peuplé à 90% d'albanais de souche. «Que pouvons-nous faire d'autre pour faire entendre notre voix contre cette déclaration illégale d'indépendance voulue par les Américains et enterrinée par la lâcheté des Européens, notamment de la France», s'interroge Marija, une jeune professeur d'anglais.Massés devant le pont baptisé Austerlitz par les Français de la Kfor, la force de l'Otan au Kosovo, les manifestants serbes agitent leurs drapeaux, crient leurs slogans, brûlent un drapeau américain. Dans la foule, des gros bras au crâne rasé, mais aussi des personnes âgées, des femmes, des jeunes. Un peuple crie son angoisse et sa colère.

"A la fin , nous vaincrons"<