Le 8 décembre, les conseillers de Pervez Musharraf publiaient les résultats d'un sondage d'un institut américain, l'Ipop, qui établissaient une popularité présidentielle en nette hausse depuis qu'il avait quitté l'uniforme. En fait, comme allait le révéler un journal local, l'Ipop n'existait pas. Une belle supercherie qui montre que la fraude a commencé bien avant le scrutin législatif d'hier. Hier soir, les résultats de l'élection au Pakistan, qui s'est déroulée dans un calme relatif, n'étaient pas encore connus (lire ci-dessous).
Si tous les partis ont recours à la fraude, celle-ci devrait d'abord profiter au camp du Président. Un récent sondage, bien réel celui-là, de l'International Republican Institute montrait que 70 % des Pakistanais souhaitaient son départ et que son parti, la Ligue musulmane-Q, le «parti du roi», ne recueillait que 12 % de partisans. Une telle impopularité incite la plupart des analystes pakistanais à croire que les fraudes ont été massives. «Mais attention, on n'est plus en 1977 sous Ali Bhutto [le père de Benazir, ndlr], où ses partisans avaient tellement bourré les urnes qu'il s'était trouvé honteux. Nous avons fait du chemin. Musharraf est rusé, pointu. C'est devenu une fraude très sophistiquée», prévient Tahira Abdullah, cofondatrice du Comité pour les droits de l'homme, qui boycotte le scrutin. «C'est une société féodale et clanique, soit deux facteurs d'intimidation des électeurs. Ceux-ci votent comme le veut leur seigneur. Ses ordre