A une dizaine de kilomètres de la route bitumée, au bout d'une piste en latérite bosselée de l'ouest du Kenya, il suffit de prononcer le nom Obama pour que les villageois, suant sur des bicyclettes rouillées sous une chaleur implacable, indiquent la direction à suivre. Sur une porte en fer, l'inscription «Collège sénateur Obama» désigne l'entrée du hameau de Kolego, où est né le père du candidat américain à l'investiture démocrate. La population a voulu rendre hommage au fils prodige et a entrepris de longues démarches administratives pour s'arroger ce patronyme illustre, symbole d'une success story africaine, même si Barack Obama, né aux Etats-Unis, n'a mis un pied dans ce village pour la première fois qu'en août 2006. Un souvenir que la directrice de l'école, Yohanita Obiero, occupée à signer des documents pour une rentrée des classes perturbée par les violences postélectorales, évoque avec un enthousiasme modéré : «La foule est arrivée en masse pour l'acclamer. Il est resté quatre heures, mais finalement il n'a rien fait ici. J'ai tenté de lui écrire deux mails ensuite, il n'a jamais répondu. Il est sans doute trop occupé par sa campagne.»
Incongrues. Derrière l'école, un chemin mène à une maison en dur devant laquelle une vieille femme imposante, foulard blanc noué sur la tête, écosse des haricots tout en bavardant avec des voisins. Sarah Onyango Obama, 85 ans, la grand-mère paternelle, est devenue malgré elle une star, visitée par des dizaines de jou