C'est un panneau de Fidel Castro, place de la Révolution, à La Havane, qui l'énonce. Presque une épitaphe : «La révolution, c'est changer tout ce qui doit être changé». L'ère Fidel révolue, la mise sur orbite de son frère Raúl, 76 ans, est annoncée pour dimanche. D'un Castro l'autre, les 614 députés devraient porter au pouvoir le cadet, ministre de la Défense depuis quarante-neuf ans. «Après la phase 1, la transition, la phase 2 commence dimanche : la propulsion d'un nouvel aréopage, note un diplomate occidental. Tout est millimétré, gradué.»
Vélotaxi. Pas de révolution à attendre. Ou alors celle des «petits pas» : qui mettra de l'huile dans les rouages grippés de la «pureté révolutionnaire» chère à Fidel. Comment «changer tout ce qui doit être changé» ? Il y a peu de chances que cela passe par la mise en avant de la «jeune génération». «Il ne faut pas montrer de signes de faiblesse face à la menace américaine, et la génération historique doit assumer le pouvoir», note Oscar, retraité de l'armée reconverti en vélotaxi.
Carlos Lage, un médecin de 56 ans, dans le rôle de «Premier ministre» depuis l'intérim et artisan de réformes économiques en 1993, a bien été mis en scène. «On l'a beaucoup vu à la télé, rappelle Yulio, directeur d'une agence de voyages. Mais ce serait une rupture mal vécue. Et si, par surprise, il est nommé, Raúl tirera les ficelles en coulisses.»
Car Raúl Castro a