Ceux qui commencent à se risquer à rouler dans certains quartiers de Douala ne le font pas sans allumer leurs feux de détresse. «Ça permet de faire croire qu'on est en service commandé afin d'intimider les éventuels groupes de casseurs», explique un habitant de la capitale économique camerounaise.
Groggy. Hier, les piétons sont sortis plus nombreux que la veille dans les rues encore encombrées de restes de pneus brûlés et des opérations de casse et de pillages. Après la crise qui a embrasé plusieurs villes du pays depuis lundi, provoquant la mort d'au moins 17 personnes dans des affrontements avec les forces de l'ordre, la tension semblait être en partie retombée hier au Cameroun. Il a fallu que le président Paul Biya, 75 ans, sorte de son mutisme habituel. Dans une courte déclaration radiotélévisée, celui que l'on surnomme «l'homme lion» a rappelé qui était le chef. Il a promis d'utiliser «tous les moyens légaux» pour rétablir l'ordre.
De fait, jeudi matin, l'armée camerounaise a pris position aux principaux carrefours de Yaoundé, la capitale politique, tandis qu'à Douala, après une nuit très mouvementée dans certains quartiers, les derniers attroupements ont été également dispersés par l'armée qui a tiré en l'air. «Le Président a renvoyé chacun chez soi», commente, désabusé, un habitant. «Il nous a tous insultés avec ce discours, s'indigne une militante des droits de l'homme, groggy. Il n'a pas parlé des problèmes graves qui ont jeté les