Envoyé spécial à Madrid. Les temps ont changé à Madrid, en politique étrangère aussi. Durant les deux mandats de José Maria Aznar (de 1996 à 2004), la diplomatie espagnole n'a eu qu'une boussole : l'atlantisme. Intégration complète à l'Otan, petits arrangements avec la vérité sur les armes de destruction massive en Irak, soutien à la guerre en 2003, présence militaire dans le pays : pour connaître les vues de l'exécutif, il suffisait, peu ou prou, d'interroger la Maison Blanche. Mais dès l'arrivée au pouvoir de José Luis Zapatero au printemps 2004, les soldats espagnols rentrent au pays, comme il l'avait promis durant la campagne.
Contre-pied. Dès lors, avec son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, Zapatero s'emploie à prendre le contre-pied de ce qu'a accompli la droite pendant huit ans. A l'international, cela s'est traduit par des regards davantage tournés vers le sud du Rio Grande. Avec l'objectif de faire revenir les Latino-Américains dans le giron de l'ancienne «mère patrie». Là où Aznar a plus ou moins directement soutenu l'éphémère coup d'Etat contre le Vénézuélien Hugo Chávez, le 11 avril 2002, Zapatero, lui, discute et va jusqu'à vendre des armes au bouillant leader «bolivarien». Et quand le conservateur poussait l'Union européenne à maintenir une position jusqu'au-boutiste face au régime cubain, le socialiste joue la carte du dialogue et obtient la libération de plusieurs dissidents condamnés en avril 2003 à de lourdes peines de prison. Les qu