C'est devenu une méthode de négociation : pour la deuxième fois en deux ans, Gazprom a réduit ses livraisons de gaz à l'Ukraine, de près de moitié, pendant vingt-quatre heures, avant d'annoncer hier soir le retour à la normale. L'Union européenne, dépendante à près de 80 % des gazoducs ukrainiens pour ses livraisons de gaz russe, a frémi. Jusqu'à ce que Kiev et Moscou promettent de reprendre leurs négociations pour remettre à nouveau à plat leurs relations gazières.
La particularité de cette nouvelle crise est qu'elle oppose cette fois autant Moscou et Kiev que les dirigeants ukrainiens entre eux. Si Moscou a pris une nouvelle fois le risque de couper les vannes à l'Ukraine, c'était surtout pour attiser les dissensions entre les deux principaux acteurs de la «révolution» ukrainienne de 2004, le président Viktor Iouchtchenko et le Premier ministre Ioulia Timochenko. Le 12 février à Moscou, le président Iouchtchenko avait en effet convenu avec Vladimir Poutine d'un règlement de tous les contentieux en suspens : les dettes ukrainiennes envers Gazprom seraient payées et de nouveaux intermédiaires mis en place, un peu moins opaques que les précédents, laissait-on alors espérer.
Intermédiaires. Las, sitôt le président Iouchtchenko rentré au pays, son Premier ministre annonçait qu'il fallait totalement en finir avec les intermédiaires, et usait de son pouvoir de contrôle sur Naftogaz, l'importateur ukrainien, pour bloquer l'application de l'accord. «Je suis enclin à penser que Tim