De notre correspondant à Bangkok. Pendant des années, Viktor Bout avait échappé à Interpol et aux agents des services de renseignement américains et britanniques. Ce Russe, âgé aujourd'hui de 41 ans, était devenu le trafiquant d'armes le plus célèbre de la planète, approvisionnant en fusils d'assaut, lance-roquettes et missiles une pléthore de mouvements de guérilla et de gouvernements en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.
Sa réputation était telle qu'il avait inspiré le personnage du trafiquant Yuri Orlov, incarné par Nicolas Cage, dans le film Lord of War. Peter Hain, un ministre du Foreign office britannique l'avait surnommé «le marchand de mort» pour son rôle central dans les guerres civiles africaines.
Sillonnant la planète malgré une interdiction de voyager décrétée par les Nations unies, l'homme était insaisissable. Jusqu'à jeudi, quand des policiers thaïlandais accompagnés de membres de l'agence américaine de lutte contre la drogue (DEA) l'ont arrêté dans sa chambre d'un hôtel cinq étoiles du centre de Bangkok.
Talibans. «La partie est terminée», a lâché Viktor Bout quand un policier lui a passé les menottes au terme d'une opération montée depuis plusieurs mois. Deux agents de la DEA avaient réussi à se faire passer auprès de Bout et de son complice, Andrew Smulian, pour des représentants de la guérilla colombienne des Farc désireux d'acheter des roquettes antichar, des hélicoptères et des missiles sol-air. Plusi