L'opposant tchadien Ngarlejy Yorongar a livré, hier lors d'une conférence de presse à Paris, le récit de son enlèvement, de sa séquestration et de sa fuite au Cameroun.
Le député sudiste a contredit les affirmations du président Idriss Déby, qui avait assuré ne rien savoir du sort des trois opposants enlevés le dimanche 3 février en fin d'après-midi, au lendemain de l'attaque rebelle avortée contre la capitale. Ce jour-là, Yorongar a été appréhendé chez lui et battu par des hommes de l'armée nationale tchadienne, reconnaissables à leurs brassards jaunes. Il explique ensuite avoir été emmené à Farcha, à l'ouest de N'Djamena, dans un centre de détention. Il y retrouve deux autres opposants : l'ex-chef de l'Etat et garant de l'accord politique du 13 août 2007 entre le pouvoir et l'opposition non armée, Lol Mahamat Choua, ainsi que le porte-parole de la principale coalition de l'opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh. Les trois hommes sont détenus séparément, chacun dans une cellule, des fers aux pieds. Yorongar a pu constater qu'Ibni Oumar Mahamat Saleh a été sévèrement battu par les militaires. A partir du 6 février, il n'a plus entendu les geôliers ouvrir la cellule de son voisin Ibni, concluant que ce dernier avait sombré dans le coma ou était mort. A ce jour, on reste sans nouvelle de lui.
Lol a été libéré le premier. Yorongar, pour sa part, a été sorti de sa cellule au milieu de la nuit du 21 février. Emmené dans un cimetière, il aurait fait l'objet d'un simulacre d'exécution,