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Libération

France-Israël. Boycott : quand l'irrationnel s'érige en conscience politique

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par Belinda CANNONE
publié le 13 mars 2008 à 2h41

Shimon Pérès, «ami de la France» selon ses propres termes, continue sa visite d'Etat de cinq jours. Nicolas Sarkozy s'est lui-même qualifié d'«ami d'Israël». Il fallait manifestement le dire. Ces déclarations rappellent que la politique est aussi affaire de mots et d'affects. L'immense ressentiment contre Israël que manifeste une partie des pays arabes, la formidable colère qui agite la moitié du monde contre ce prétendu monstre tricéphale Amérique-Israël-Europe revivifient cette taraudante question : jusqu'à quel point la rationalité commande-t-elle la marche du monde ? Ou encore, quelle est la place des affects dans les mouvements qui l'agitent (le monde) ? On imagine aisément que l'irrationalité est l'apanage des seuls individus. Pas si sûr : j'ai souvent le sentiment que nous sommes entrés dans une ère de noire fureur planétaire qui anime des peuples entiers et de vastes communautés. Le terrorisme global est son pire symptôme.

Grand récit. Donc, la marche du monde, c'est aussi le grand récit qui s'y énonce. L'ambassadeur d'Israël, Daniel Shek, évoque «l'intimité» (en fait «l'air de») retrouvée entre la France et l'Etat hébreu. Tant mieux : après la position assez balancée de Mitterrand, on avait l'impression d'une orientation plus pro-arabe sous l'ère chiraquienne. Il me paraît difficile aujourd'hui de ne pas défendre fermement l'existence d'Israël, en même temps qu'il me semble nécessaire de critiquer sévèrement plusieurs de ses récents dirige