S'il n'avait pas des conséquences sanglantes pour leurs populations civiles respectives, le conflit fratricide entre les présidents du Soudan et du Tchad pourrait prendre des allures de tragi-comédie. Présents tous deux à Dakar, où se tient le 11e sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI, 57 pays membres), Omar el-Béchir et Idriss Déby ont tenu en haleine leurs pairs une bonne partie de la journée : signeront ou signeront pas. En jeu, une énième trêve pour tenter de mettre fin à la guerre qu'ils se livrent par rebelles interposés au Darfour et dans l'est du Tchad. Et parfois jusqu'aux abords de la présidence tchadienne, à N'Djamena, comme le mois dernier, où Idriss Déby a repoussé, avec l'aide de la France, un raid des rebelles soutenus par Khartoum.
Entre les deux hommes, tous les coups sont permis. Mercredi soir, alors que les deux frères ennemis devaient sceller leur réconciliation, Omar el-Béchir a évoqué des «maux de tête» pour reporter la rencontre. Hier, juste avant le début de l'entretien entre les deux hommes, le gouvernement tchadien a accusé Khartoum d'avoir «lancé mercredi plusieurs colonnes[rebelles] puissamment armées contre le Tchad». Une information non confirmée par l'Eufor, la force européenne en cours de déploiement dans cette région troublée. La principale alliance rebelle a, elle aussi, démenti avoir lancé une nouvelle attaque.
Présent à Dakar, le secrétaire d'Etat soudanais aux Affaires étrangères Al-Sammani Al-