Lhassa est à des milliers de kilomètres, les mosquées et les calots blancs des musulmans plus nombreux que les stûpa et les feutres tibétains. Mais à l'extrême nord-est du plateau himalayen, dans les provinces du Gansu et du Qinghai, la tension est tout aussi intense autour des monastères bouddhistes. Les autoroutes sont encombrées de voitures de police et de lents convois de la police militarisée chinoise (Wu jing) bourrés d'hommes casqués. Les étrangers sont arrêtés aux péages. «Opération de police en cours, nous assurons la sécurité.» Une madame Zhou, mutique et déterminée, renvoie sur Pékin pour les explications. «C'est pour la paix, la stabilité et l'unité du pays !» s'énerve un fonctionnaire de la capitale au téléphone. Il ne reste qu'à rebrousser chemin, ou à s'aventurer sur les petites routes de montagne pavoisées de drapeaux de prière.
Inhabituel. Plusieurs émeutes ont éclaté ces derniers jours dans la région, notamment à Labrang, le grand monastère de la ville de Xiahe. Samedi, 3 000 Tibétains ont encore manifesté, habitants et moines mélangés, et des grenades lacrymogènes ont volé dans le quartier chinois. «Les gens agitaient le drapeau national tibétain, c'est la deuxième fois de ma vie que je voyais ça», raconte un chauffeur chinois. La première, c'était en 1989, lors des dernières grandes émeutes tibétaines. Hier, un calme inhabituel pesait sur Xiahe, sillonné de soldats défilant au pas. Les rideaux de fer étaient tirés sur les échopp