Correspondance à Kiev. «Ceux qui ont tué mon fils ne sont toujours pas en prison.» Lessia Gongadzé, la mère de ce journaliste ukrainien sauvagement assassiné à l'automne 2000, est amère à l'issue du procès de ses assassins.
Décapité. Depuis huit ans, tous les proches de Guéorgui Gongadzé attendent la vérité sur les commanditaires de son assassinat. Le verdict de samedi a confirmé leurs craintes : seuls les exécutants ont été condamnés. Trois anciens policiers, Valéri Kostenko, Olexandre Popovitch et Mykola Protassov, ont été punis de douze et treize ans - pour le troisième - de prison. Car, depuis le début, le cadavre de Gongadzé gêne tout le monde, la justice et le milieu politique en premier lieu. Guéorgui Gongadzé, fondateur du journal en ligne Ukraïnska Pravda, était connu pour ses articles critiques contre un régime post-soviétique sclérosé, personnifié par le Président de l'époque Léonid Koutchma. En septembre 2000, le journaliste disparaît et son corps décapité n'est retrouvé que deux mois plus tard, à une centaine de kilomètres de Kiev.
Le mystère qui entoure sa mort va faire l'effet d'une bombe, notamment après la présentation au Parlement d'enregistrements mettant directement en cause Léonid Koutchma. Sur ces cassettes, une voix, ressemblant à celle du Président, demande qu'on livre Gongadzé aux «Tchétchènes», une mafia connue pour accomplir les basses oeuvres. Des dizaines de milliers de personnes descendent dans la rue, demandant la démission d