Le procureur de la Cour de cassation turque demande l'interdiction de l'AKP, le parti au pouvoir issu du mouvement islamiste, pour «activités contraires à la laïcité». Les onze membres de la Cour constitutionnelle ont commencé hier l'examen de l'acte d'accusation alors que les Européens appellent la justice turque «à ne pas se mêler de politique».
Que signifie la procédure ?
«C'est un recours contre la volonté nationale», a dénoncé le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. C'est la première fois qu'une telle requête est lancée à l'encontre d'un parti au gouvernement. Dans les 162 pages de son réquisitoire, le procureur Abdurrahman Yalçinkaya demande aussi cinq ans d'interdiction d'activités politiques pour 71 dirigeants de l'AKP (Parti de la justice et du développement), dont le Premier ministre et le chef de l'Etat, Abdullah Gül. La Cour constitutionnelle a déjà dissous depuis 1962 quelque 24 partis, notamment des petites formations d'extrême gauche ou prokurdes, ainsi que des partis islamistes, comme le Refah (en 1998), mais seulement après que le leader de ce parti Necmettin Erbakan - qui fut le mentor d'Erdogan - eût quitté le pouvoir sous la pression de l'armée. La Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg avait en 2003 jugé cette dissolution légitime. Cette jurisprudence est rappelée dans l'acte d'accusation qui affirme : «L'AKP a été fondé par un groupe qui a tiré les leçons de la fermeture des partis islamistes antérieurs et qui cherche à ut