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Libération
Interview

Giscard :«La vie politique reste nationale»

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par Christopher CHRIV, licence 3 histoire-géographie et anthropologie
publié le 21 mars 2008 à 2h47

Ancien président de la convention sur l'avenir de l'Europe, Valéry Giscard d'Estaing répond à Libération.

Pourquoi ce désintérêt vis-à-vis du Parlement Européen ?

Il n'y a d'abord jamais eu de Président charismatique, mis à part Simone Veil (première présidente du Parlement). Ensuite, le système fait que les débats ne sont pas spectaculaires. A cause du filtre des interprètes, il n'y a pas de dialogue vivant. De plus, la répartition des députés se fonde sur des critères mathématiques et non qualitatifs ! Enfin, la polarisation de la vie politique reste nationale. D'ailleurs, en France, il n'y a plus d'homme politique européen. Pourriez-vous me citer une seule personnalité qui soit véritablement européenne, au sein du PS par exemple ?

L'Europe manque-t-elle d'une personnalité forte dans laquelle les Européens pourraient se retrouver ?

Absolument. Le traité de Lisbonne créera deux points de visibilité forte : le président du Conseil européen et le ministre des Affaires étrangères, élus pendant cinq ans. L'Europe retrouvera une visibilité à travers eux. Il s'agit de la réforme la plus importante.

Les Européens ne risquent-ils pas néanmoins de se détourner de ce Président sans pouvoir exécutif ?

Si vous exprimez des choses justes, les gens vous écouteront. L'exécutif naîtra en proposant des actions et en prenant des décisions. Il faudra par ailleurs que ce président ait déjà siégé. Il devra appartenir à un pays qui respecte les politiques de l'UE : l'euro, l'espace Schengen. Enfin, il faudra réfléchir à la manière de démocratiser ce choix. Beaucoup sont partisans d'une élection à l'échelle de l'UE, mais il y a un problème : la différence entre la taille des populations de chaque pays. Si nous suivions cette idée, il n'y en aur