«J'étais soldat à Kirkouk, raconte Hassan, un déserteur de 25 ans. Quand ma femme a disparu dans un bombardement, j'ai préféré partir pour ne pas mourir moi aussi pour rien. Mais en Irak, il faut payer pour quitter l'armée, alors j'ai dû m'enfuir.» Comme lui, ils sont nombreux aux abords de la gare de l'Est, à Paris. Cinq ans après le début de l'intervention américaine en Irak, de nombreux réfugiés irakiens tentent de vivre ici clandestinement en attendant de poursuivre leur exil. Résidant dans un square, ils restent entre déplacés de même nationalité, entre deux voyages forcés. Ils témoignent de la violence qui persiste dans leur pays et qui les a poussés à fuir. Hassan est fataliste : «Les gens meurent tous les jours, ils sont obligés de partir.»
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 120 Irakiens disparaissent quotidiennement du fait des violences de tout ordre que connaît le pays depuis l'invasion, soit environ 85 000 depuis le début des opérations d'après une estimation de l'association Iraq Body Count. Une violence qui se traduit aussi par une criminalité endémique, dont Hassan a entendu parler par les quelques contacts qu'il a gardés avec sa famille, laissée derrière lui. «Je ne regrette pas Saddam Hussein, mais c'est devenu pire depuis l'arrivée des Américains.» Un chaos qui transcende, dit-il, les clivages communautaires. «Arabes ou Kurdes, nous avons les mêmes problèmes.»
Dépit. Ali, un ancien photographe, fait le même con