Cela fera bientôt dix ans que Lounès Matoub, le célèbre chanteur kabyle, a été assassiné dans un attentat sur une petite route de Kabylie, le 25 juin 1998. A l'époque, les autorités algériennes avaient attribué sans l'ombre d'un doute l'assassinat aux GIA, un groupe terroriste très infiltré par les services de renseignements. Une version aussitôt contestée en Kabylie même, où le public avait attribué au pouvoir le meurtre d'un symbole de la culture et des revendications berbères.
Aucun procès. Quelle que soit la vérité et aussi étonnant que cela puisse paraître, aucun procès n'a eu lieu. Aujourd'hui, excédée par cette attente interminable, la famille du chanteur, comme celle du principal présumé assassin, demande que justice puisse enfin se faire. Début février, Nadia Matoub, la veuve du chanteur, a fait le voyage à Tizi-Ouzou pour faire le point sur le dossier. Le 3 février, elle a rencontré les représentants du parquet au tribunal de Tizi-Ouzou avec son avocat, Me Sala Hannoun. «Ils m'ont confirmé que le dossier était clos et la procédure terminée. Mais lorsque je leur ai demandé quand aurait lieu le procès, ils m'ont dit qu'aucune date n'était prévue. Et lorsque j'ai demandé pourquoi, ils m'ont dit: "C'est un dossier sensible, il faut une décision politique." Pour moi, c'est clair. Il y a une volonté de ne rien faire par rapport au dossier de Lounès Matoub.» Le pouvoir, échaudé par les émeutes de 2001 en Kabylie, a donc choisi la stratégie de l'autruche.
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