Menu
Libération
Interview

Le retour à la vie d'une ex-kamikaze

Article réservé aux abonnés
Conflit. Schifa voulait se faire exploser. Après six ans de prison, la Palestinienne prône le dialogue.
publié le 22 mars 2008 à 2h48

Elle en parle comme d'une erreur de jeunesse, une banale incartade dans une existence bien rangée. Il lui arrive même d'en rire et ce qu'elle regrette surtout ce sont ces six années passées dans les prisons israéliennes. «Je rêve d'avoir à nouveau 24 ans, de pouvoir sortir, étudier. J'ai gaspillé ma jeunesse derrière les barreaux. Mais, Dieu merci, je suis en vie et c'est cela l'essentiel», dit Schifa al-Qudsi, qui vient de fêter ses 30 ans.

Faux ventre. Schifa avait pourtant choisi de mourir un matin du printemps 2002, aux pires heures de l'Intifada. Enrôlée par les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, un groupe armé proche du Fatah, son destin était tout tracé. «J'avais rendez-vous à 5 heures du matin dans un local près de chez moi, raconte-t-elle. Ils devaient me mettre quinze kilos d'explosifs dans un faux ventre de femme enceinte. Ensuite, un homme devait m'emmener à Netanya, où l'on devait se faire sauter tous les deux.»

Schifa explique en souriant qu'elle avait choisi Netanya, distante d'une quinzaine de kilomètres de sa maison de Tulkarem, parce qu'elle adore depuis toujours cette ville balnéaire israélienne où son père l'emmenait chaque semaine lorsqu'elle était enfant. «Je me souviens de la mer, des cafés, c'était magnifique.»

Dans la nuit qui précède le jour de l'attentat, l'armée israélienne débarque en force au domicile des Al-Qudsi. «Il y avait des jeeps, des hélicoptères, des chiens, se souvient Amal-Amine, la mère de Schif