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Libération
Reportage

Les Zimbabwéens à bout de force

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Election. Etranglée par l'hyperinflation, la population voudrait tourner la page Mugabe.
par Marina BURGEON
publié le 29 mars 2008 à 2h53

Envoyée spéciale à Bulawayo. «Cette fois, Mugabe va perdre. Nous avons trop souffert !» lance Bennett, un habitant de Killarney, chercheur clandestin d'or dans le lit des rivières autour de Bulawayo, dans le sud du Zimbabwe. Dans ce bidonville situé dans la banlieue de la deuxième ville du pays, les habitants ont particulièrement souffert du régime Mugabe.

Punir. Jadis, il y avait plus de 400 commerces et maisons en brique à Killarney. En 2005, les bulldozers ont tout rasé. «Même l'église !» se souvient le pasteur Albert Chatindo. Dans le cadre d'une opération visant à «assainir» et surtout à punir les quartiers pauvres des villes acquis à l'opposition, Mugabe a fait expulser 700 000 personnes vers les zones rurales. «Un camion nous a déposés en rase campagne, raconte Margaret, une veuve en robe blanche et foulard coloré, amaigrie par la tuberculose. «Avec mes trois enfants, on a logé pendant un mois sous une tente, avant de revenir ici. Mais la vie est de plus en plus difficile : les prix augmentent chaque jour, parfois même quand on fait la queue !»

L'inflation dépasse largement 100 000 % par an. Le taux de change au noir du dollar zimbabwéen est ainsi passé, en un an, de 13 000 pour un dollar américain à 45 millions ! Grâce à l'intervention des Eglises, Killarney a retrouvé une partie de ses habitants. Les familles reçoivent de l'aide alimentaire et des soins. «Au début, on traitait une dizaine de patients, explique soeur Page.