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Libération

Un juge contre le parti de l'islam

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publié le 31 mars 2008 à 2h54

C'est un juge sous haute protection. Plusieurs dizaines d'hommes seraient chargés de sa sécurité selon les médias turcs, qui soulignent le caractère sans précédent de telles mesures. Mais la situation est pour le moins inédite dans un pays qui a entamé, en octobre 2005, des négociations d'adhésion avec l'Union européenne. En toute légalité, Abdurrahman Yalçinkaya exige rien moins que la mise hors la loi du parti au pouvoir reconduit triomphalement dans les urnes en juillet, avec 47 % des suffrages, qu'il accuse d'être «un foyer d'activités antilaïques». La Cour constitutionnelle doit statuer à partir d'aujourd'hui de la recevabilité de cette plainte déposée le 14 mars. Bruxelles s'inquiète et appelle les juges «à prendre en compte l'intérêt à long terme du pays».

Coup de poker. «Le modèle d'islam modéré préconisé pour la Turquie vise en fait à établir un Etat gouverné par la charia», martèle le procureur général de la Cour de cassation, 58 ans, qui demande l'interdiction de l'AKP, issu du mouvement islamiste, ainsi que la mise au ban pour cinq ans de la politique de soixante et onze de ses dirigeants, dont le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et le chef de l'Etat, Abdullah Gül. Les 162 pages de l'acte d'accusation se nourrissent surtout de déclarations ou de bribes de discours. On y accuse par exemple le Premier ministre d'être un des fourriers «du projet de Grand Moyen-Orient voulu par les Etats-Unis, en installant dans les pays concernés des régime