En Somalie, des combats quasi quotidiens opposent le gouvernement, soutenu par l'armée éthiopienne, à une guérilla d'obédience islamiste. La situation sécuritaire et humanitaire ne cesse de se dégrader. Deux étrangers, un Kényan et un Britannique employés d'une société sous contrat avec l'ONU, ont été enlevés lundi par des hommes armés. Jean-Hervé Bradol, de Médecins sans frontières, revient d'une mission d'évaluation à Mogadiscio.
Un responsable de l'ONU a déclaré récemment que la situation en Somalie était pire qu'au Darfour. Partagez-vous ce constat?
Je ne veux pas faire une hiérarchie dans le malheur. On ne peut pas parler de grands massacres comme il y en a eu au Darfour en 2003-2004. Mais il y a chaque jour, à Mogadiscio, des attaques d'insurgés et, en retour, une répression assez peu discriminée, qui prend la forme de bombardements des quartiers où se cache la rébellion. Au niveau des infrastructures de santé, la situation est catastrophique. Par rapport au début de l'année 2007 [lorsque le gouvernement fédéral de transition a pris le contrôle de la capitale avec l'aide de l'armée éthiopienne, chassant les tribunaux islamiques, ndlr], deux tiers des lits d'hôpitaux ont disparu. La seule maternité de la ville a fermé. Les structures privées, comme les hôpitaux Arafat ou Al-Hayat, ont été pillées et bombardées par les forces gouvernementales et éthiopiennes pendant les combats d'avril 2007. A l'hôpital Medina, dans le sud de la ville, il y a des problèmes d'acceptation des patients en fonction de leur origine clanique. Enfin, il y a le problème des centaines de milliers de déplacés à