De notre envoyé spécial à Orfa. La colonie d'Ofra se situe à 30 kilomètres de Jérusalem. Pour s'y rendre à partir de la capitale israélienne, il faut passer le barrage militaire de Hizmé, franchir le mur de sécurité et tracer plein nord à travers la Cisjordanie. Des centaines de maisons identiques s'alignent sur des collines pelées, balayées par un vent glacial.
En bordure du «quartier des Français», surnommé ainsi en raison du nombre impressionnant de résidents originaires de France, un petit lotissement est en construction. «L'Etat nous interdit d'étendre l'implantation, explique David Grochko, installé ici depuis quinze ans. Alors on utilise les terrains libres situés à l'intérieur du village. On comptait construire un jardin public, mais on s'adapte. On préfère renforcer notre présence ici, en attendant que notre gouvernement change de politique.»
«Lobbying». S'adapter, s'obstiner, ruser : la stratégie des colons pour contourner le veto gouvernemental porte ses fruits. Selon l'organisation La paix maintenant, 275 habitations comme celles d'Ofra ont été mises en chantier depuis la reprise des discussions israélo-palestiniennes l'été dernier ; 20 % d'entre elles se trouvent au-delà de la barrière de sécurité, dans des colonies que le gouvernement israélien envisage pourtant de démanteler en cas d'accord de paix. «Les colons opèrent un lobbying intensif auprès des administrations compétentes, explique Yariv Oppenheimer, porte-parole de La paix maintenan