De notre correspondante au Caire. «Je suis prêt à travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, juste en échange de nourriture pour mes enfants. Je ne demande rien d'autre ! Je n'arrive même pas à acheter du pain ! De la bouffe pour mes gosses, c'est tout ce que je veux.» L'homme a les larmes aux yeux, sa voix se brise. La détresse de cet ouvrier de l'usine textile de Mahalla al-Kubra, dans le delta du Nil, c'est aussi celle que partage une part croissante de la population égyptienne, incapable de faire face à l'inflation délirante qui s'est abattue sur le pays. En un an, les prix des produits de consommation courante ont augmenté pour certains jusqu'à 170 % (Libération du 1er avril). «Dans ces conditions, pourquoi aller voter, puisqu'on n'a même pas la possibilité de voter pour autre chose que le PND [Parti national démocratique, au pouvoir] ?» Hossam, agent commercial au Caire, a décidé de boycotter le scrutin municipal qui s'est tenu hier. Dans sa circonscription, il n'y avait que des candidats du parti. A travers le pays, le PND aligne 52 000 candidats.
Plomb. L'opposition ? A peine un millier de candidats. Les Frères musulmans, soumis depuis des mois à une intense campagne d'arrestation, entendaient en présenter 5 700. Mais malgré les décisions de justice en leur faveur, ils n'ont pas réussi à faire valider plus de vingt candidatures. Selon Human Rights Watch, plus de 800 islamistes, dont 150 candidats potentiels, sont retenus en prison san